Le Lavoir

Avenue d’Armainvilliers

Situé au début de l’avenue d’Armainvilliers à proximité du groupe scolaire Leclerc, le lavoir se trouve sur le rû de la Buronnerie, petit cours d’eau qui prend sa source dans l’étang d’Armainvilliers.  La situation du lavoir est assez idéale, au cœur de la ville historique, près de la place de l’église et de la rue de Paris 

 Figurant sur de nombreuses cartes postales anciennes, le lavoir servait aussi d’abreuvoir pour les animaux. Jugé « d’utilité publique » la construction du lavoir fit polémique. Pour le construire, il fallut avoir recours à l'expropriation des terres avoisinantes

1 Vue du lavoir après restauration et nettoyage

Pour permettre sa construction, des travaux importants furent réalisés par des terrassiers italiens pour approfondir le lit de la rivière. C'est dans les débuts du XX° siècle que les travaux seront définitivement achevés et que le lavoir sera mis à la disposition des lavandières.

Autrefois, la population ne disposait pas de l’eau courante et surtout des équipements modernes dont nous jouissons et que nous utilisons aujourd’hui tels que le lave-vaisselle ou le lave-linge. Le lavoir était donc un équipement communautaire indispensable. Depuis les temps les plus anciens, laver le linge était une activité dévolue aux femmes et la grande lessive se faisait une à deux fois l'an, au printemps et à l'automne. Il était courant que les femmes, les lavandières, se retrouvent au bord d’un cour d’eau afin de laver mais surtout de rincer le linge. Les lavandières lavaient le linge soit pour leur famille, soit pour une famille bourgeoise. Rapidement, les lavoirs publics sont devenus indispensables dans les petites villes et less villages français. Lieux de la vie quotidienne et lieux de la sociabilité féminine durant de longues années, les lavoirs étaient, après l'église et la place du village, un véritable lieu d'échanges, et d'hygiène.

La plupart des lavoirs répondent à un plan général et une architecture commune ; seules les particularités régionales apportent une différence architecturale à l’ensemble. En Brie, les matériaux de construction sont surtout locaux : la pierre et les arbres utilisés proviennent des alentours ou de la région. Ces monuments, pittoresques et typiques de la vie des campagnes, étaient construits en pierre, en brique ou pour les plus modestes, en bois ou en torchis.

Autrefois, il y avait au moins un lavoir par village ou hameau et l’on pouvait estimer l’importance du village au nombre de lavoirs qu’il possédait. Ces bâtiments témoignent de l’histoire locale d’antan et sont de véritables petites pépites patrimoniales à conserver. Les premiers bâtiments réservés au lavage n’apparaissent qu’à la fin du XVIII° siècle au temps des Lumières, et marquent le début d’une réflexion sur la salubrité publique avec les thèses hygiénistes. Il faudra néanmoins attendre le siècle suivant pour que les municipalités équipent les villes et les villages en structures adéquates et exclusivement réservées au lavage et rinçage du linge. Ce n’est vraiment qu’à partir de 1850 que les lavoirs firent vraiment et partout leur apparition, aménagés, couverts, transformés en bâtiments fonctionnels, indispensables à la vie de la cité.

Ils participent alors à la célébration de la conquête de la domestication de l’eau. En plus de l’amélioration de la salubrité publique, les lavoirs apportent un progrès de l’hygiène individuelle. La propreté du corps devient un impératif et celle du vêtement l’est tout autant. Le lavoir est un élément important donc pour l’hygiène de l’époque. Il s’agit d’un bassin public alimenté en eau par une source ou un cours d’eau. En général, le lavoir est couvert ; de cette manière, les lavandières pouvaient s’attaquer à leur tâche domestique à l’abri de la pluie ou du soleil et de la chaleur en période estivale. Certains lavoirs étaient équipés de cheminées, non pas pour se réchauffer pendant la lessive, mais afin de produire la cendre nécessaire au blanchiment du linge.

2 Carte Postale - Vue du lavoir au moment de la lessive

Le lavoir était, comme à Gretz, un bassin aménagé alimenté en eau d’origine naturelle dont la vocation première était de permettre à la population locale de rincer le linge après l’avoir lavé. Le lavoir est le plus souvent dit d’« utilité public », il sert au confort de la communauté. De cette manière, il est le plus souvent public et gratuit. Selon les communes, il peut aussi être privé ou payant, rattaché à une seule maison ou une seule ferme et être mis à la disposition de voisins moyennant une redevance.

En général, le lavage ne consommait à l’époque que quelques sceaux d’eau, il pouvait donc avoir lieu directement dans les habitations ou les buanderies. Mais le rinçage nécessitait de grandes quantités d’eau claire, uniquement disponible, autrefois, dans les cours d’eau ou dans une source captée.

La plupart du temps, on retrouve sur les lavoirs les mêmes éléments de construction permettant l’utilisation du lieu par les lavandières: un banc de lavoir, le plus souvent en pierre de taille adossé aux murs intérieurs servant d’étagère pour poser le linge propre ; un étendoir, composé par des barres en bois ou en métal suspendues au-dessus du bassin de lavage pour égoutter le linge propre et une pierre à laver, pierre inclinée vers l’eau. Le sol du lavoir est le plus souvent en dallage ou en pavés afin de permettre un nettoyage des lieux plus facile. Autour du lavoir, la sécurité est un élément important. Il ne faut pas oublier qu’autrefois on ne disposait pas des mêmes outils de prévention et d’alerte pour se prémunir des intempéries. Le grand souci pour les lavoirs : les crues. Des aménagements de contournement de crues étaient confectionnés lorsque ces travaux étaient possibles et envisageables au regard de la physionomie des terrains alentour.

Comme en témoignent les cartes postales anciennes sur lesquelles figure le lavoir de la commune de Gretz-Armainvilliers, son utilisation était double : cet aménagement public était à la fois un lavoir, destiné à la population humaine, et un abreuvoir, destiné aux animaux.

3 Carte postale - Vue du lavoir dans sa fonction d'abreuvoir

Le lavoir de Gretz est un joli témoignage du passé. Récemment restauré et nettoyé, le visiteur pourra découvrir un bâtiment d’architecture d’antan très bien conservé, une véritable chance pour les amateurs de patrimoine. Lors des journées du patrimoine, le visiteur pourra d’un premier regard remarquer, à ses pieds, le dallage en pierre, Indispensable pour l’écoulement de l’eau et le nettoyage de cet espace commun, ce type de dallage est assez caractéristique de cette partie de la France.

4 Vue du lavoir avant nettoyage
5 Vue du lavoir avant nettoyage
6 Vue des bassins du lavoir

Construit en pierre et habillé d’un toit en ardoise, le lavoir-abreuvoir de Gretz est un ensemble bâti assez commun dans le paysage des lavoirs en France, il ne dispose d’aucune particularité singulière.

Néanmoins, lorsque le visiteur passe la petite porte d’entrée, il découvre une couverture et une charpente en excellent état de conservation. Cette ossature témoigne du savoir-faire des artisans et des ouvriers d’antan. Taillée dans le chêne, la charpente soutient un toit qui couvre l’ensemble du dallage et descend assez bas afin d’abriter les bords du bassin du lavoir.

7 Vue de la charpente en bois et du sol en dalles

Le visiteur pourra observer l’organisation et l’aménagement en eau du lavoir-abreuvoir de Gretz. En effet, on distingue une retenue de l’eau par l’intermédiaire de petites écluses permettant de remplir le bassin et de réguler le débit du rû. A gauche un bassin de forme rectangulaire est uniquement réservé au rinçage du linge et à l’usage des lavandières. A droite, un second bassin, beaucoup plus grand que le lavoir : il s’agit en réalité de la partie réservée à l’écoulement de l’eau du rû et d’abreuvoir pour les bêtes.

8 Vue d'un détail- les petites écluses du lavoir

Le patrimoine historique immobilier a plusieurs ennemis dont le temps et les intempéries. Il en va de même pour les lavoirs. Premières victimes des inondations et des crues, les lavoirs sont des biens de patrimoine bien trop souvent laissés à l’abandon par les collectivités, faute de moyens. La toiture et la charpente sont les éléments les plus importants et les plus fragiles de ces constructions. Parfois, les cours d’eau de petite taille et de débit lent comme le rû sont victimes de pollutions diverses avec pour effet l’apparition d’une nappe plus ou moins épaisse d’un dépôt vert.

Le bon fonctionnement et l’ouverture des petites écluses est donc fondamentale pour maintenir une bonne circulation des flux et permettre ainsi une bonne conservation des lieux. La ville de Gretz-Armainvilliers dispose d’un second lavoir plus ancien et interdit au public, rue Georges Wodli. En effet, ce lavoir bien que très intéressant d’un point de vue architectural n’est pas en mesure d’accueillir le visiteur. Le temps et les intempéries ont eu raison de la conservation du lieu. Pour des raisons de sécurité, ce site n’est pas ouvert au public.