Le Domaine d’Armainvilliers

Avenue de la Liberté

Derrière sa grille d'honneur, le vaste domaine d’Armainvilliers s’étend sur plusieurs centaines d’hectares (400 ha) et s’étale ainsi sur les territoires de trois communes : Favières, Gretz-Armainvilliers et Tournan-en-Brie.

Le Château d’Armainvilliers ne fait pas officiellement partie de la commune de Gretz. En effet, les limites tracées entre Gretz et Tournan, sont infléchies de quelques centaines de mètres vers l’ouest du château. Propriété des Rothschild jusqu’en 1984, cette grande demeure de style anglo-normand est dissimulée au cœur d’un vaste parc, comme pour la préserver du regard des curieux.

Pour connaître l’histoire du domaine et de son château, il faut remonter au XIV° siècle. Mais ce n'est qu'à partir du XVI° siècle que le château est pleinement habité. Jusqu’à l’aube de la Révolution Française, plusieurs familles vont se succéder au cœur du domaine d’Armainvilliers; il a appartenu aux Beringhen, puis aux Bourbons, jusqu’en 1793.

Il sera en partie détruit pendant la Révolution française, comme de nombreux biens patrimoniaux appartenant à l’aristocratie. Le domaine est peu à peu dépouillé de ses trésors notamment les ornements de la chapelle et une croix de fer, envoyés à Paris pour les ventes publiques. En plein Directoire, le citoyen Barbereau acquiert la propriété du château d’Armainvilliers devenu bien national au moment de la Révolution pour la somme de 100 000 livres.

En 1808, il est acquit par l’agent de change Claude Bailliot qui devra jouer un rôle important dans la vie politique française et locale. Né à Saint-Germain-en-Laye en 1771, il était agent de change au moment de la chute de Napoléon Ier. D’opinions libérales, conseiller général, il fut élu député du troisième arrondissement de Seine-et-Marne en 1828. Il deviendra maire de Tournan et membre de la commission des finances. Commandeur de la Légion d’Honneur, puis pair de France en 1834, il termina sa carrière politique à la Chambre Haute. Il meurt à Paris le 15 décembre 1836.

Vers 1830, Claude Bailliot avait vendu ses terres à Madame veuve Blanchard et à son gendre qui causèrent de graves dégradations dans le domaine d’Armainvilliers. En l’espace de quelques mois, les plus grands arbres du domaine furent abattus, l’étang asséché et mis en culture maraîchère.

Sous le Second Empire, le domaine d'Armainvilliers est dans un état de délabrement avancé et menace de tomber en ruine. En 1845, les La Rochefoucault-Doudeauville rachètent la propriété. Passionnés d’art et de patrimoine, ils vont restaurer le château et faire réaménager le parc. A la mort du duc, Monsieur Pereire se proposa de racheter le parc et le château mais le baron Edmond de Rothschild avait déjà fait plusieurs offres avant lui.

Le domaine est acquis en 1881 par Edmond de Rothschild. Jusqu’à l’arrivée des Rothschild au domaine d’Armainvilliers, le château accessible par un pont-levis était composé de bâtiments élevés à la française, c’est-à-dire, en pierre de grès, couverts d’ardoises, entourés de fossés pleins d’eau et de deux pavillons. Le château est alors complètement rasé et remplacé par une résidence moderne, complétée par de luxueux pavillons de garde, des fermes en styles anglo-normand (comme la maison de garde à gauche de la grille), de vastes communs et une grande orangerie. En 1884, un tout nouveau château sorti de terre. L’ensemble hérité de l’Ancien Régime disparut complètement : les fossés enjambés par de vieux ponts pittoresques furent comblés, la ferme de la Canardière fut détruite et les Rothschild firent aménager deux petites îles sur l’étang, approfondi au préalable, pour permettre aux visiteurs du domaine d’effectuer des excursions en bateau. L’embarcadère est encore visible à proximité du château.

L’architecture de cette nouvelle « Villa Rothschild » se calque sur le style anglo-normand très en vogue vers la fin du XIX° siècle. Cette demeure ne comporte pas moins d’une centaine de pièces en tout. Sa forme est assez originale car, vu du ciel, le château ressemble à un S. Cette somptueuse résidence moderne pour l’époque s’élève à une centaine de mètres de l’endroit où se trouvait l’ancien château. De luxueux pavillons de gardes remplacent désormais les vieilles maisons plus simples.

En plus de vastes communs, il existe des serres qui abritaient alors des plantes rares. En dessous du château un tunnel a été aménagé : surnommé le « métro », il s’agit d’un souterrain par lequel les fournisseurs pouvaient avoir directement accès aux cuisines du château. Il existe tout un ensemble de vieilles légendes entourant ce tunnel.

Pendant la Première Guerre Mondiale, une infirmerie est aménagée dans le château. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, face à l’arrivée de l’armée allemande, la famille Rothschild, d’ascendance juive, fuit le domaine d’Armainvilliers.

Le château sera alors occupé par les troupes de l’armée allemande, plus particulièrement une unité de transmission de la Luftwaffe. Au moment de la Libération du territoire de Gretz-Armainvilliers, l’armée américaine installa son campement sur le domaine en 1944.

La grille d’honneur du domaine d’Armainvilliers que le visiteur observe aujourd’hui n’est plus la même qu’autrefois. En effet, la précieuse grille de fer forgé, typique de la fin du XIX° siècle, a été fondue par les Allemands pour servir de projectile au moment des bombardements de 1944. Elle fut remplacée à la fin de la guerre par une nouvelle grille plus modeste et moderne. Certains de ses éléments se trouvent aujourd’hui à Genève dans le domaine du château de Pregny en Suisse, propriété de la famille des Rothschild.

En 1984, le roi Hassan II du Maroc fait l’acquisition du château. Il fait réaliser de très importants travaux de réhabilitation et de modernisation des installations. Le château sera revendu en 2008, par son fils Mohammed VI, devenu roi du Maroc, au roi du Bahreïn, Hamed ben Issa Al Khalifa.

A gauche de la grille d’honneur ou grille Rothschild, le visiteur pourra observer une belle maison de gardien de style anglo-normand, caractéristique du domaine d’Armainvilliers. Le domaine est en réalité marqué par plusieurs maisons de ce style. La première et sans doute la plus intéressante d’un point de vue architectural est celle que le visiteur a juste en face de lui. Cette maison de gardien est toujours occupée. En longeant la propriété en direction d’Ozoir-la-Ferrière, vous aurez la chance de pouvoir admirer deux autres pavillons de style anglo-normand. Sur la droite, derrière une autre grille, le chalet du château d’Armainvilliers semble surveiller l’accès de l’ancien domaine des Rothschild. Juste en face, on pourra noter la présence d’une magnifique demeure de style anglo-normand elle-aussi. Néanmoins, le Pavillon de la Souche n’appartient pas au domaine d'Armainvilliers. Cette bâtisse faisait partie des communs du vaste domaine de la famille Pereire et fut cédé à l'Administration des Eaux et Forêts.