Fontaine

En prolongeant votre déambulation après la place de l’église en direction de Tournan-en-Brie, la rue de la Fontaine se profile sur votre droite. Au-delà de l’ancienne fontaine qui constitue l’objectif de ce cheminement, cette rue se révèle intéressante d’un point de vue historique et architectural. En effet, la rue de la Fontaine se démarque encore aujourd’hui dans le paysage urbain par ses maisons basses, typiquement briardes où l’on accède à l’étage par une échelle.

Comme son nom l’indique, cette rue comporte une source d’eau, calcaire et pétrifiante, appelée la Fontaine Saint-Jean ou la Source miraculeuse. Une chapelle construite par Jehan de Grez ou Jean de Gretz au XIII° siècle existait autrefois à l’endroit même où se tient la fontaine et la dame au tablier blanc sur la carte postale.

1 Carte postale - vue sur la Rue de la Fontaine (1908)

Avant que l’eau n’arrive au robinet de chaque foyer, les fontaines publiques étaient, avec les sources, les puits, les cours d’eau et les citernes, les seuls moyens d’alimentation en eau potable. Elles répondent de cette manière à un besoin élémentaire et vital de l’homme. Les hommes ont sans cesse cherché à maîtriser leur approvisionnement en eau pour se prémunir des sécheresses, bénéficier de l’eau la plus pure possible. Dans la plupart des villages, les sources, plus ou moins nombreuses et abondantes, ont été maîtrisées par des travaux de captage et de conduite ; ce qui a rendu possible la construction de fontaines. Elles constituent un témoignage touchant de la vie quotidienne de nos ancêtres. 

Purement utilitaire dans le cas présent, la fontaine, disparue aujourd’hui, ne répondait qu’aux besoins fondamentaux des hommes et des bêtes. La source alimentant la fontaine publique a pour vocation de fournir de l’eau potable pour la consommation et les usages domestiques. L’eau y est puisée au moins deux fois par jour pour la boisson, la cuisine, la vaisselle et la petite toilette. Elle est recueillie dans des cruches, des seaux, des brocs, des arrosoirs. Lorsqu’il s’agit de transporter une plus grande quantité d’eau, on a recours à des cuviers ou des tonneaux.

La création des fontaines, ainsi que des lavoirs et abreuvoirs, résulte des principes élémentaires d’hygiène et de la prise de conscience collective de l’importance de la salubrité publique caractéristique de la fin du XIX° siècle. Choléra, variole et typhoïde sont les principaux fléaux du XIX° siècle. En effet, de 1826 à 1837, une épidémie de choléra fait 600 000 morts en France. L’eau devient alors l’objet d’une attention toute particulière : veiller à sa pureté devient un impératif. Néanmoins, pendant longtemps, les habitants qui viennent s’approvisionner à la fontaine pour leurs tâches domestiques n’y trouvent qu’une eau souillée par le savon et les saletés.

Véritables outils d’évolution de la salubrité publique, les fontaines sont souvent situées au centre d’une place ou à proximité immédiate d’une source. Elles constituent un lieu majeur de vie, de rafraîchissement et de la sociabilité villageoise.

Qu’elles soient en pierre ou en fonte elles ont généralement des fûts ornés de moulurent et souvent de motifs dans le cas de la fonte. La borne qui permettait aux habitants de la rue de la Fontaine de s’approvisionner en eau a malheureusement disparue. A partir du moment où les réseaux de distribution d’eau ont été réalisés permettant ainsi l’arrivée de l’eau courante dans les maisons, c’est la fin de la corvée d’eau journalière et le déclin des fontaines. Petit à petit, les bassins et les fontaines ont perdu leur usage domestique et ont fini par disparaître. Aujourd’hui, même si les fontaines ont perdu leur usage d’autrefois, elles n’en demeurent pas moins des éléments appréciés du patrimoine communal.

2 Vue de l'emplacement de l'ancienne fontaine et sa source.