L’église Saint Jean-Baptiste

Place du Général Leclerc

Bâtie vers la fin du XIII° siècle, sans doute par Jean ou Jehan de Gretz, l’église Saint Jean-Baptiste est de style roman. Visuellement assez brut et massif, l’édifice est orienté au sud-ouest, disposé sur un plan allongé, et doté d’un transept saillant et un chevet plat qui offre à l’église cet aspect général relativement plat et tassé.

1 Vue de la façade ouest de l'église - Vestibule d'entrée

Datée des dernières années du XIII° siècle, l’église a connu de nombreux aménagements et transformations. Saccagée par les Huguenots lors des massacres des Guerres des Religions en 1567, elle sera complètement reconstruite. Il ne reste aujourd’hui que peu d’éléments de l’église médiévale en dehors des contreforts et des fondations initiales. Elle sera agrandie tout au long du XVII° siècle avec l’adjonction de plusieurs chapelles : en 1603, la Chapelle de la Vierge, en 1643, la Chapelle des Seigneurs, sous le Seigneur d’Armainvilliers – Pierre de Berighen, et en 1663, avec la construction de la chapelle où sont enterrés Jacques et Nicolas Favier. Le vestibule d’entrée est un ajout du XVIII° siècle.

Bien que cette église puisse apparaître aux yeux du visiteur assez modeste de par ses dimensions et son architecture, l’intérieur de l’édifice offre au voyageur un décor simple mais curieux pour les amateurs d’art et d’histoire.

L'église a fait l'objet de deux campagnes de restauration et de réhabilitation conséquentes au cours des années 1984-1987 et en 2013. L'enjeu de ces chantiers était de taille: il fallait alors assurer la pérénnité des oeuvres et de la structure ainsi que la sécurité du public.

Malgré tout, plusieurs éléments raccrochent l’église Saint Jean-Baptiste à l’époque médiévale et aux traditions architecturales de la Brie. En effet, le chevet plat, très fréquent dans la Brie des XII° et XIII° siècles, percé d’un triplet, peut retenir l’intérêt du visiteur lorsqu’il pénètre à l’intérieur de l’église. Autres éléments qui s’inscrivent dans la tradition architecturale briarde : l’appareil des murs en bocage et la disposition asymétrique du clocher.

2 Vue de la façade Est - rue de Paris

La façade ouest, où se trouve l’entrée de l’édifice, présente un intérêt patrimonial pour les visiteurs sensibles à l’architecture médiévale et classique. En effet, avec l’ajout d’un vestibule avec comble à la Mansard, de deux fenêtres assez amples et plein cintre et d'un portail situé au-dessous d’un fronton, cette partie de l’édifice évoque l’art du XVIII° siècle. Au-dessus, le pignon de la nef est percé d’un oculus marqué des initiales de Saint Jean-Baptiste.

Malheureusement, l’édifice religieux reste portes closes pour des raisons de sécurité du bâtiment et des œuvres, sauf dans le cadre des cérémonies religieuses et des journées du patrimoine. A l’image de son aspect extérieur, l’église Saint Jean-Baptiste dispose d’une architecture modeste mais intéressante ; notamment au niveau du chœur.

3 Vue intérieure de l'église

En effet, cette partie de l’édifice s’ouvre sur une grande arcade en arc brisé, profilée en boudin. Les parties latérales reposent sur une arcade plus modeste à arc surbaissé formant un ensemble qui n’est pas voûté. Le vaisseau central est un élément d’architecture très surprenant ici : il est couvert d’un berceau brisé en plâtre sur lattis de bois laissant apparaître des éléments de charpente. Ce mode de couverture était très en vogue à l’époque gothique, et plus particulièrement en Seine-et-Marne.

Toutes les verrières sont du XIX° siècle et disposées dans des niches, elles imitent l’art du XIV° siècle, pratique très courante à cette époque. On y observe des scènes et des figures très ornées de style gothique. Ce renouveau du goût pour l’architecture et l’art médiéval s’inscrit dans le style troubadour très en vogue dans la première partie du XIX° siècle en France.

La plupart des vitraux de l’église représentent de grands personnages historiques et religieux. Le chevet comporte au centre le Sacré Cœur, du côté sud, Saint Jean-Baptiste, et du côté nord, Sainte Germaine. Ces vitraux sont l’œuvre de Durriny, un peintre verrier parisien de la fin du XIX° siècle. A l’entrée de la nef, le visiteur pourra admirer deux vitraux représentant, du côté nord, Saint Jean-Baptiste, tenant à la main un phylactère, sur lequel nous pouvons lire en latin le premier verset du premier évangile de Jean « Au commencement était le verbe ». Au-dessus de Saint-Jean figue un aigle, son emblème. Du côté sud, le vitrail représente un Saint-Louis portant le grand haubert avec dans sa main gauche la maquette d’une cathédrale.

4 Vue intérieure de l'église
5 Vitrail représentant Saint-Jean
6 Vitrail représentant Saint-Louis
7 Vue sur les vitraux de la façade Est. Au-dessus de l'autel

L’église Saint Jean-Baptiste contient un ensemble d’œuvres d’art dont des tableaux, du mobilier et des sculptures. Le visiteur pourra donc contempler plusieurs éléments fort remarquables dont :

- Un gisant, une sculpture funéraire, de l’art chrétien représentant un personnage couché en l’occurrence ici Jean ou Jehan de Gretz, personnage éminent de l’histoire de la ville, en date du XIV° siècle.

8 Gisant de Jehan de Gretz

Le gisant est disposé sous l’autel de la Vierge contre le mur sud de la nef. Jean de Gretz ou Jehan de Grez, vassal des Templiers, est représenté en tenu des chevaliers du XIII° siècle. Il est revêtu du grand haubert dont la cotte de maille, finement découpée, témoigne de la finition accordée à la sculpture. Le gisant est armé de son épée et de son écu. Ses armoiries, autrefois peintes, sont aujourd’hui complètement effacées. Les pieds de Jehan de Grez repose sur un lion, symbole de puissance.

Le gisant est en pierre de Bourgogne, taillée dans le bloc et de grandeur naturelle. L’inscription initiale était en lettres gothiques capitales, selon la mode de l’époque. Cette œuvre a été classée en 1902 et déjà des détériorations étaient présentes : une cassure complète au bas des jambes, une trace de goupille en éclat de la jambe gauche, une brisure de la pointe des mains jointes, l’écrasement du nez, l’éclat de l’angle droit de l’oreiller et de quelques dentelures.

- Une pierre tombale d’Henri de Gretz, de la fin du XIII° siècle. Elle représente un chevalier en costume de guerre portant une cotte de maille, une épée et un bouclier.

- Une huile sur toile du XIX° siècle, Saint-Fiacre prêchant dans la Brie, de Louis-Félix Leuillier. Saint-Fiacre est le patron de la Brie et des maraîchers.

- La Crucifixion, de Louis-Félix Leuillier, peinte vers 1850, est un don de l’artiste à l’église de Gretz-Armainvilliers. Cette toile qui évoque clairement l’école Romantique est assez impressionnante par ses dimensions : haute de 2.50m et large de 1.75m.

-Un tryptique, intitulé Scène de la vie de la Vierge, datant de la fin du XVI° siècle, remarquable peinture sur bois, don de la famille Pereire à l’église en 1923. Cette œuvre représente 3 scènes de la vie de la Vierge : la Nativité, la Fuite en Egypte et l’Assomption.

9 Vue du tryptique, au-dessus du gisant de Jehan de Gretz

Cette œuvre, classée en 1948, comporte, d’après l’aspect général de son cadre et le style de l’ensemble des tableaux, des caractères primitifs des peintures flamandes.

- Une statue de Saint-Jean en marbre blanc est installée dans une niche du mur nord de la nef, avec une croix dorée et couché sur sa peau de mouton. Cette œuvre italianisante a été donnée par Madame Isaac Pereire vers 1890.

10 Vue d'une statue de marbre blanc représentant Saint-Jean endormi

- Les fonds baptismaux, en pierre, à gauche de l’entrée, ont été donnés par la famille de Beringhen au même rang que le confessionnal (en 1663), et la chaire en bois sculpté.

- Un bas-relief de la Crucifixion en bois sculpté du XVI° siècle (contre le mur sud de la nef). Le bois teinté a pu être polychrome. Ce petit panneau était probablement disposé au centre d’une grande boiserie, il s’agit sans doute d’un élément issu d’un ensemble détruit.

11 Vue du bas relief représentant la Crucifixion (16è siècle)

- Le maître autel est en bois peint gris et or. Il a été conçu à la manière du XVIII° siècle avec à sa base des guirlandes en médaillon et une tête de Saint Jean-Baptiste sculpté en bas-relief doré.

12 Vue du maître autel

- Dans le vestibule, une statue de la Vierge à la grappe de raisin, en bois polychrome. Classée en 1935, elle se trouvait autrefois sur la clôture en bois sculpté du sanctuaire.

Malheureusement, de nombreuses œuvres d’art présentes autrefois dans l’église ont été volées ou ont disparu ; notamment, un tableau représentant l’Assomption, un Saint Vincent de Paul, le Baptême de Saint Jean-Baptiste qui se trouvait au-dessus de l’autel, deux vases de Chine, une tapisserie du XIII° siècle, une statue de la Vierge en pierre du XIV° siècle, une statue de Sainte-Marguerite et une autre de Saint-Roch datant du XVII° siècle.